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La communication politique : la PNH fait preuve d’amateurisme dans sa mission de rassurer la population

 

La communication politique : la PNH fait preuve d’amateurisme dans sa mission de rassurer la population

À priori, la communication peut se définir comme l’action d’établir un contact, sous quelque forme que ce soit, avec un individu ou un groupe. Elle devient un élément incontournable lorsqu’il s’agit de rassurer, de gagner la confiance du peuple, et de s’assurer que les politiques publiques mises en œuvre par les autorités étatiques sont comprises et acceptées par la population. En ce sens, la communication politique se manifeste par l’usage stratégique du discours comme outil de persuasion, de gouvernance, ou encore pour inciter la population à des prises de décisions collectives dans l’intérêt commun. C’est pourquoi, selon Aristote, la communication politique consiste en l’usage de la rhétorique dans la sphère publique, au service de la vie civique et de la délibération politique.

Dans le contexte haïtien, la bataille que mène la Police Nationale d’Haïti (PNH) contre les gangs armés ne peut se résumer à l’achat de matériel, à l’augmentation de l’effectif des policiers, ou au soutien international. Cette lutte est aussi communicationnelle. À chaque prise de territoire, les bandits prennent soin de médiatiser leur victoire. Les vidéos véhiculées, offrent souvent les mêmes messages, tels que : « Nou menm nou pa fè rimè, depi nou di n ap pran yon zòn, nou pran l. » Un tel discours a un impact psychologique majeur sur la population, qui en vient à douter de la capacité réelle de la police à combattre ces hommes, souvent torse nu et peu équipés, mais très organisés en termes de communication.

De son côté, la PNH se contente souvent de silence, ou pire, de plaintes publiques autour de conflits internes opposant le Directeur général à la DCPA, ou encore la PNH à la Primature. En matière de communication, les gangs paraissent mieux préparés et plus coordonnés que les forces de l’ordre. À cela s’ajoute le fait que chaque annonce de perte humaine dans les rangs de la police ou de l’armée affecte profondément la population. La semaine dernière (du 13 au 20 avril 2025), trois soldats ont été tués dans les hauteurs de Kenscoff. Bien que cette tragédie ait suscité des messages de sympathie de plusieurs institutions nationales et internationales, la population reste moralement affaiblie, d’autant plus que les pertes du côté des criminels ne sont jamais communiquées avec la même clarté. Cela crée un déséquilibre dans la perception du rapport de force.

Que faire pour rassurer la population ?

Les forces de l’ordre doivent non seulement reprendre les territoires occupés, mais surtout rassurer la population sur le plan psychologique par une communication efficace. Il est évident que chaque policier ne peut pas publier de vidéos pour vanter les opérations menées, et que la PNH ne peut pas diffuser officiellement les images de criminels abattus. Toutefois, il est essentiel de mettre en place une stratégie de communication transparente et rassurante, pour informer les citoyens des avancées et des succès de la lutte contre le banditisme.

Certaines voix zélées dans la population affirment qu’il faudrait créer de faux comptes pour diffuser des vidéos des bandits tués, afin de calmer les peurs. Une telle stratégie, bien que machiavélique, ne saurait recevoir une approbation officielle des autorités. Néanmoins, la communication politique doit occuper une place centrale dans cette lutte contre l’insécurité, et la PNH a le devoir de gagner cette bataille médiatique, au bénéfice du moral et du bien-être de la nation.


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