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Kanpay viv Dessalines

  Kanpay Viv Dessalines Ayiti rete s è l peyi nan mond lan ki f è yon revolisyon anti kolonyalis , anti esklavajis epi anti segregasyonis . Ayiti trase yon egzanp pou tout limanite epi rantre nan batay pou dwa moun. Kokenchenn eksplwa sa te f è t gras av è k yon ewo ki rele   ‘’Dessalines’’ . Ewo sa rete grave nan memwa tout moun pou gwo akonplisman sa epitou pou sa li reprezante. Jounen jodia, se yon moun nou paka bliye pou sa   li reprezante nan listwa peyi nou. Li pa t sèlman kontante l pou li bay Ayiti endepandans, li trase egzanp pou r è s peyi nan kontinan Amerik la, li te ale pi lwen, pou li te garanti dwa moun respekte. Soti nan chase Frans è yo sou ti r è s bout zile a, pase nan dekr è li mete deyò pou garanti nenpòt nwa ki vin isit ap lib otomatikman, epi abouti nan lidèchip, ‘’ Dessalines’’ rete yon ikón nou sipoze toujou sonje e salye bravou li. Se nan optik sa, yon antite Josu é Senat se responsab kominikasyon ladan l, deside mennen yon kanpay pou on...

Un Rebond Trompeur : La Vérité Derrière l’Augmentation des Inscriptions à l’UEH

 

Un Rebond Trompeur : La Vérité Derrière l’Augmentation des Inscriptions à l’UEH

L’Université d’État d’Haïti (UEH) représente bien plus qu'un simple établissement d'enseignement supérieur. Elle est un miroir des dynamiques sociales, économiques et politiques d’un pays en quête de stabilité. Au 9 Janvier 2025, l’UEH a enregistré 27 146 inscriptions pour l’année universitaire 2024-2025, marquant une hausse spectaculaire de 96 % par rapport à l’année précédente (L’académiq-ueh, 2025). Ce rebond, bien qu'impressionnant, dissimule des réalités complexes. Ce texte explore les causes profondes et les implications de cette croissance, en dévoilant les défis structurels et conjoncturels auxquels l'université fait face.

L’Augmentation Trompeuse

Juliette, une jeune diplômée du secondaire, se trouve à la rue Dufort, un lieu qu'on lui a expliqué être le local de la Faculté de Linguistique Appliquée de l’UEH. C'est dans une rue bondée, rappelant les marchés populaires du centre-ville, qu'elle cherche à visiter la faculté après avoir passé son concours. Elle, qui avait déposé ses dossiers au rectorat, n'avait aucune idée de l’état du local. Mais en voyant l'état des lieux, elle exprime des doutes et des regrets.

Ce qu'elle ignore, c'est que sept des onze entités de l’UEH sont actuellement inaccessibles, soit parce qu'elles ont été vandalisées, soit parce qu'elles sont occupées, soit parce qu'elles se trouvent dans des zones de non-droit. Pourtant, une nouvelle semble bonne : une augmentation de 96 % par rapport à la quantité d'inscriptions de l'année dernière a été annoncée.

Pour Juliette, l’UEH représente bien plus qu'une opportunité académique ; c'est un chemin vers une vie meilleure. Lorsque l'inscription de 27 146 étudiants pour l'année universitaire 2024-2025 a été annoncée, une vague d'optimisme s'est répandue parmi les étudiants comme elle. Mais derrière cette hausse, se cache une réalité plus nuancée. Juliette, tout comme ses camarades, comprend rapidement que l’optimisme initial doit être tempéré par une analyse critique des défis qui les attendent.

Les Ombres du Passé

Pour saisir pleinement l’ampleur de cette situation, il est crucial de revenir sur l’évolution historique des inscriptions à l’UEH. La décennie précédente a été marquée par des fluctuations notables dans les effectifs étudiants, exacerbées par des crises politiques et socio-économiques répétées.

Le tableau ci-dessous résume l’évolution des inscriptions sur les dix dernières années, basé sur plusieurs sources (Rapport du VRAA de l’UEH, L'académiq-ueh, Le Nouvelliste) :

Table 1: L’évolution des inscriptions au sein de L'UEH de 2012 à 2014.

Sources (Rapport du VRAA de l’UEH, L'académiq-ueh, Le Nouvelliste

Année académique

Nombre d’inscrits

2012-2013

38 097

2013-2014

41 157

2014-2015

43 691

2015-2016

40 704

2016-2017

——

2017-2018

——

2018-2019

——

2019-2020 (estimé)

50 000

2020-2021

38 930

2021-2022

22 344

2022-2023

22 900

2023-2024

13 860

2024-2025 (en cours)

27 146

Ces chiffres révèlent d’abord une instabilité marquée par les dynamiques internes de l’Université. Par exemple, au cours des années 2012 à 2015, on constate une augmentation substantielle des inscriptions en 2012, suivie d'une stabilisation à un taux de 5 % en 2013 et 2014, avant une chute significative de 18 % en 2015. Cette baisse peut s’expliquer par l’absence de la FASCH dans le processus et par une diminution de 8 % des inscriptions au CHCL en 2014. Pour l'année 2015, l'absence du CHCL et la stricte application de l'interdiction des "doublons", qui a réduit le nombre de postulants déjà inscrits à l’UEH, ont contribué à la baisse globale des inscriptions.

Les années 2016 et 2017 ont, quant à elles, été marquées par la paralysie de plusieurs entités de l’UEH, en raison de crises successives. En 2016, une grève administrative a fortement perturbé les activités ainsi que plusieurs perturbations résultant de l'expulsion d’un étudiant, des revendications du personnel administratif pour intégrer le Conseil de l’Université, ainsi qu’un processus électoral lancé depuis plusieurs mois. À la Faculté d’ethnologie, des mouvements de protestation violents ont conduit à la fermeture de l’établissement après un incident tragique survenu le lundi 12 juin 2017, lorsque l’étudiant John Rock Gourgueder Jean a été renversé par le véhicule du doyen, Jean Yves Blot, dans l’enceinte de la faculté.

Ces événements ont entraîné l’annulation des concours dans plusieurs entités, notamment à l’École Normale Supérieure (ENS) et à la Faculté d’Ethnologie (FE), tandis que la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) a également été affectée.

Mais l’UEH est aussi en proie aux instabilités externes. En 2019-2020, par exemple, l’UEH avait enregistré environ 50 000 inscriptions, un chiffre qui a chuté drastiquement à 22 344 en 2021-2022, soit une baisse de 43 % en un an (Duquereste, 2023). Cette chute brutale s’explique principalement par la crise du Covid-19, qui a désorganisé les activités académiques et réduit l’accès aux ressources par les étudiants. En parallèle, le regain d’instabilité politique dans la capitale et la montée en flèche des cas de kidnapping ont amplifié cette tendance. Ces facteurs ont rendu Port-au-Prince de moins en moins attrayante pour les étudiants, poussant beaucoup d’entre eux à s’éloigner ou à abandonner leur projet d’études.

L’année 2023-2024 a marqué un point critique dans cette descente. Avec seulement 13 860 inscriptions, l’UEH a enregistré l’un des effondrements les plus significatifs de son histoire récente. Ce déclin prolongé est non seulement le résultat des crises antérieures, mais aussi d’un exode massif alimenté par de nouvelles opportunités à l’étranger. En Haïti, le programme "Humanitarian Parole", couramment appelé "programme Biden", a pris des allures de loterie nationale, offrant à de nombreux jeunes Haïtiens une chance, parfois perçue comme unique, d’émigrer légalement vers les États-Unis. Pour beaucoup, cette loterie représente une promesse de sécurité et de stabilité, convaincant des milliers de jeunes, y compris des étudiants potentiels, de tourner le dos à leurs études pour tenter leurs chances ailleurs.

Juliette avait entendu ces histoires de déclin de la bouche de son frère aîné, qui avait fréquenté l’Université durant cette période. Les grèves, les salles de classe bondées, de rixes entre étudiants et des forces de l’ordre et l’insécurité, étaient les thèmes récurrents de ses récits. Cependant, elle espérait que l'augmentation récente des inscriptions pourrait indiquer une amélioration de la situation.

Les Dessous

L'augmentation de 96 % des inscriptions pour 2024-2025 pourrait sembler être un signe d'espoir, mais en réalité, elle est fragile et trompeuse. Bien que le nombre actuel d’inscriptions soit encourageant, il représente toujours une diminution de 39 % par rapport aux 43 691 inscriptions de 2014-2015. De plus, le calcul actuel de l’UEH a élargi son réseau d’entités de 11 à 22 comparativement à cette période, incluant des facultés supplémentaires en province (voir figures 1 et 2). En excluant ces nouvelles entités du calcul, le nombre d'inscriptions tomberait alors à 17 172, ce qui représente une baisse de 60 % par rapport à 2014-2015.

Figure 1: Évolution des inscriptions pour l'année 2024-2025 au 9 Janvier 2025
Source: L'académiq-ueh


Figure 2: Évolution de processus d'inscription entre 2012 et 2015
Source: L'Académiq-ueh

Rappelons aussi que le calcul des inscrits est également artificiellement gonflé par le système de multiples candidatures, où chaque postulant peut déposer jusqu'à trois demandes. Au final, parmi les 27 146 inscriptions, seuls 18 965 concernent des postulants uniques, dont 6 904 nouveaux bacheliers et 11 202 anciens bacheliers.

Avec environ 50 000 bacheliers (BUNEXE, 2023), la demande d’accès à l’enseignement supérieur dépasse largement les capacités d’accueil actuelles de l’UEH. En 2024, le budget de fonctionnement de l’université a doublé, passant de 235 millions à 585 millions de gourdes, mais cette somme reste insuffisante pour couvrir les investissements nécessaires tels que la rénovation des bâtiments, la construction de nouveaux locaux ou l’acquisition de nouvelles infrastructures (Odigène, 2025).

Le véritable défi réside dans la capacité d’accueil de l’UEH. Selon Jean Poincy, l’Université ne peut accueillir que 3 000 nouveaux étudiants par an, un chiffre largement insuffisant pour répondre à la demande croissante (Poincy, 2024).

Juliette et ses camarades réalisent rapidement que l’enthousiasme initial doit faire place à la réalité d’un système sous pression. Ironiquement, certains se demandent pourquoi l'UEH n'a pas décidé d'augmenter sa capacité d'accueil, surtout que plusieurs cours se tiennent désormais en ligne.

L’Exode des Étudiants

Alors que Juliette se prépare pour son premier jour à l’UEH (elle qui a déjà été admise dans une autre Faculté), un autre phénomène inquiétant se déroule en parallèle : l’exode massif des étudiants haïtiens vers des Universités étrangères, principalement en République dominicaine. Samuel, un ami proche de Juliette, fait partie de cette vague de jeunes qui cherchent des opportunités à l’étranger.

Samuel, tout comme de nombreux autres, a été motivé par la stabilité, la modernité des infrastructures et la perspective d’une formation spécialisée. Juliette comprend ses raisons, mais elle est déterminée à rester en Haïti pour contribuer au futur de son pays. Toutefois, l’insécurité chronique, la pauvreté des infrastructures dans les facultés haïtiennes et l’absence de formations spécialisées dans des domaines clés, exacerbent cette fuite de cerveaux.

L’insécurité joue également un rôle majeur dans le déplacement des inscriptions à l’intérieur du pays. En 2024-2025, les facultés des provinces ont enregistré des chiffres record. Le campus Henri Christophe de Limonade, par exemple, a accueilli 4 476 étudiants, tandis que la FDSEG du Cap-Haïtien a enregistré 2 966 inscriptions.

Juliette a considéré ces options, mais elle reste à Port-au-Prince malgré les risques. Les facultés provinciales, bien qu’ayant attiré beaucoup d’étudiants, font face à un manque de ressources humaines et matérielles, compromettant ainsi la qualité de l’enseignement. L’insécurité oblige les étudiants à prendre des décisions difficiles concernant leur avenir académique.

Vers des Réformes Urgentes

À mesure que Juliette réfléchis à sa nouvelle vie d’étudiante, elle et ses camarades comprennent l'importance des réformes stratégiques pour garantir la pérennité et l'efficacité de l’UEH. Les réformes nécessaires doivent inclure :

  1. Modernisation des infrastructures – Il est crucial de reloger les facultés déplacées en raison de l’insécurité ainsi que les bâtiments existants.
  2. Augmentation des capacités d’accueil – La construction de nouveaux campus en province est essentielle pour absorber la demande croissante.
  3. Renforcement des programmes académiques – L’adaptation de l’offre de formation aux besoins du marché du travail et des secteurs stratégiques est impérative.
  1. Attraction de financements alternatifs – La mobilisation de partenariats public-privé pour financer les infrastructures universitaires est une priorité. Les entreprises locales et internationales pourraient être encouragées à investir dans l’UEH en échange de divers avantages, contribuant ainsi à la modernisation des installations et à l’amélioration des ressources pédagogiques.
  2. Sécurisation des espaces universitaires – Un plan national de sécurité pour protéger les campus et les étudiants doit être mis en place de toute urgence. Cela inclut la formation de personnel de sécurité, l’installation de systèmes de surveillance modernes et la collaboration avec les forces de l’ordre pour garantir un environnement sûr pour les étudiants et le personnel académique.

L’Impact des Crises Politiques et Économiques

Les crises politiques et économiques jouent un rôle déterminant dans l'évolution de l'UEH. Les grèves, les manifestations et l'instabilité gouvernementale affectent non seulement le fonctionnement quotidien de l'Université, mais aussi son attrait pour les étudiants. Pendant les périodes de troubles, les inscriptions chutent, et les infrastructures subissent des dégâts. Ces crises contribuent à la perception d'un avenir incertain en Haïti, incitant de nombreux jeunes talents à chercher des opportunités ailleurs.

Juliette et ses camarades sont bien conscients de l'impact de ces crises. Ils savent qu’ils devront souvent participer à des discussions sur les réformes politiques nécessaires pour stabiliser le pays et renforcer les institutions académiques. Malgré les défis, ils restent déterminés à poursuivre leurs études et contribuer au développement de leur nation.

Malgré les nombreux défis, les étudiants haïtiens démontrent une résilience remarquable. Juliette, par exemple, est active dans divers cercles ou groupes universitaires, où elle participe à des événements pour sensibiliser ses camarades aux problèmes socio-économiques du pays. Elle et ses amis trouvent des moyens créatifs de surmonter les obstacles, qu'il s'agisse de tutorats informels, de groupes d'étude ou de projets communautaires bien que ces initiatives soient souvent entravées par l’insécurité.

L'histoire de Samuel est également inspirante. Bien qu'il ait choisi de poursuivre ses études en République dominicaine, il reste connecté avec sa communauté en Haïti. Il envoie régulièrement des ressources éducatives et participe à des initiatives en ligne pour soutenir les étudiants restés dans le pays. Ces connexions transnationales créent un réseau de soutien et de collaboration qui transcende les frontières.

Une Vision d'Avenir

Juliette, avec ses camarades de l’UEH, continue de rêver d’un avenir où l’enseignement supérieur en Haïti pourrait offrir des opportunités égales à tous, indépendamment des circonstances socio-économiques. Ils envisagent un système éducatif modernisé, bien financé et sécurisé, capable de retenir les talents nationaux et d’attirer des étudiants internationaux.

L’augmentation des inscriptions à l’UEH en 2024-2025, bien que prometteuse, ne doit pas dissimuler les défis majeurs qui demeurent. Si cette hausse reflète un espoir renouvelé pour l’enseignement supérieur en Haïti, elle met également en évidence la nécessité urgente de réformes structurelles pour répondre à la demande croissante, stopper l’exode des étudiants et garantir un environnement d’apprentissage sûr et productif. À ce carrefour, il appartient aux décideurs politiques et aux gestionnaires de l’UEH d’agir rapidement pour transformer cette hausse en opportunité durable et éviter de replonger dans les cycles de baisse observés ces dernières années.

Les étudiants comme Juliette et Samuel sont la clé de cette transformation. Leur résilience, leur détermination et leur engagement montrent que malgré les obstacles, un avenir meilleur est possible pour l’enseignement supérieur en Haïti. Il est impératif de soutenir ces jeunes dévoués en leur offrant les ressources et les opportunités nécessaires pour réussir. Ainsi, l’UEH pourra non seulement garder dignement son rôle de leader académique en Haïti, mais aussi devenir un exemple de résilience et de progrès dans la région.

Références

  • Duquereste, D. (2023). Chute drastique des inscriptions dans les universités en Haïti. AyiboPost.
  • BUNEXE. (2024). Publications de résultas par département.
  • Odigène, J. (2025). Université d’État d’Haïti : augmentation des inscriptions, persistance des difficultés. Le Nouvelliste.
  • Discours d’investiture du recteur Fritz Deshommes (2020).
  • Poincy, J. (2024). Radio Caraïbes, poste du 25 décembre 2024.
Auteur : Patrice Kanndèl EDOUARD, économiste et linguiste, étudiant en maîtrise en sciences du développement.

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