Passer au contenu principal

En vedette

🎉 Découvrez l'UEH avec HaitiTchala ! 🎓

 🎉 Découvrez l'UEH avec HaitiTchala ! 🎓 Préparez-vous à une aventure passionnante ! À partir du vendredi 11 octobre , HaitiTchala vous propose une série d'articles captivants qui vont vous faire découvrir chaque entité de l'Université d'État d'Haïti (UEH) à Port-au-Prince ! 📚✨ 🚀 Chaque jour, une nouvelle faculté sera mise à l'honneur ! Que vous soyez un postulant curieux ou un étudiant à la recherche d’infos pratiques, vous ne voudrez surtout pas manquer ça. Nous allons plonger au cœur de chaque institution : facultés, écoles, instituts – tout y passera ! 🌍💡 Vous découvrirez les programmes, les opportunités et tout ce qui fait la richesse de l'UEH ! 🏛️🔍 Nous vous donnons rendez-vous chaque jour pour une nouvelle découverte, et croyez-nous, vous allez adorer ! ❤️ 🎯 Ne manquez pas notre première publication ce vendredi 11 octobre ! C'est le moment de mieux connaître l'UEH et de préparer votre avenir avec les meilleurs outils. 📅💥 Soyez p

Analyse Juridico-culturelle des deux albums de Baky

 Analyse Juridico-Culturelle des deux albums de Baky

Un nouvel album est en train de connaître un très bon essor en ce moment (Rap ap rete rap/Chante ap ret chante). Entre la polémique des rappeurs et la guerre des fans qui monopolisent les discours sur ce dernier-(l’album)- on arrive même plus à voir comment certains des titres de cet album font reculer le féminisme dans une société essentiellement patriarcale comme le nôtre. Enrobés de grâce zéphyrienne pour faire passer la pilule, deux tubes phares n’indignent pas ! 

C’est un excellent album. Mais comme souvent dans le monde de la musique rap et “rabòday” en Haïti les femmes se voient privées de leurs droits sur leur propre corps. Peut-être que le tube “À l’infini” partait d’une bonne intention ? Que dis-je, quelle bonne intention viserait à enlever la propriété de son corps à la femme ? Je n'en ai jamais vu. Au contraire, le patriarcat se fait toujours un plaisir pour distiller “ces supposées bonnes intentions” dans les propos traitant les femmes comme des paillassons, des biens meubles, des objets sans conviction. 

 

«LA FEMME POUVANT ÊTRE MÈRE, on en a déduit qu’elle devait l’être... Et ne trouver son BONHEUR que dans la MATERNITÉ» Élisabeth Badinter. Que ce soit clair, NE PAS VOULOIR ENFANTER EST AUSSI NORMAL. Contrairement à ce que le tube « À l’infini » veut faire croire, un fœtus n’est pas doté d’une personnalité juridique, de ce fait n’est pas un être humain doté de parole, d’opinion propre, de sentiments… Dans “À l’infini “ le scénario veut que le chanteur emprunte sa voix à un enfant, pour qu’il puisse défendre sa cause auprès de sa maman (la chanteuse) qui a choisi de faire une IVG.  Ayant subi un viol collectif, avorter ne devrait pas ajouter encore une charge mentale à la mère, qui est de surcroît très jeune. (D’ailleurs, dans aucune situation où une femme choisit d’avorter elle ne devrait avoir ce + de charge mentale, ni ressentir une mauvaise conscience.) 

 

Dans la lutte anti IVG, on cherche à avoir une loi dotant les fœtus d’une personnalité juridique pour priver les femmes du droit naturel de décider sur leur corps. (Précisons que dans les quatre mois où l’IVG est possible, le fœtus vient juste de laisser l’état d’embryon dès les 3 premiers mois et commence À PEINE à avoir les caractéristiques de l’espèce humaine). Cette musique se prête au jeu. Jouer sur les sentiments, instaurer la culpabilité chez les femmes qui y ont recours, enlever aux femmes le pouvoir de décision sur leur corps. N’oublions pas que L’IVG est pénalisé en Haïti dans le code pénal de 1835 ; mais avec le nouveau code pénal qui sera en vigueur en Juin, cela pourrait ne plus l’être. Pendant qu’on y est, l’article 328 de ce nouveau Code pénal est très intéressant : « Il n’y a pas infraction lorsque la grossesse résulte d’un viol ou d’un inceste ou lorsque la santé physique ou mentale de la femme est en danger ». 

 

« Tout comme les ravisseurs ont besoin de tuer, ou au moins de blesser quelques otages afin d’obtenir ce qu’ils veulent, les hommes terrorisent les femmes afin d’obtenir ce qu’ils veulent : la continuation des services sexuels, émotionnels, domestiques et reproductifs que leur assurent les femmes. Comme des otages qui s’efforcent d’apaiser leurs ravisseurs de peur que ceux-ci ne les tuent, les femmes s’efforcent de plaire aux hommes, et cette réaction fonde le concept même de féminité. La féminité décrit un ensemble de comportements qui plaisent aux hommes (les dominants) parce que communiquant l’acceptation par une femme de son statut subordonné. Ainsi, les comportements féminins sont des stratégies de survie. » Dee L. Graham, a loving to survive : sexual terror, men’s violence and women’s lives écrit avec Edna Rawlings et Roberta K. Rigsby.

 Voyons le second tube “lòv pa peye bil”. Comment une femme très autonome, se démenant seule pour satisfaire les besoins de sa famille, se retrouve après des attouchements sexuels de son patron et son renvoi du travail à se prostituer ? (À NOTER que je n’ai rien contre ce travail, quand ce n’est pas imposé par le patriarcat, et que la femme veut vraiment le faire. Si c’est son choix, libre à elle). Pourquoi on enveloppe le male gaze dans un si beau tube ? Même moi j’ai failli ne pas me rendre compte de ce qu’on a fait. Ce numéro sur ce billet de 100 dollars est la porte de secours que tend “le gentil homme”, “pour aider”, avec tout la connotation rabaissante et odieuse qu’il y a derrière le geste.  (Le patriarcat est bien subtil. Jouir des malheurs en prétendant faire le bien et s’enorgueillir).

On réduit les femmes à un morceau de viande que l’on convoite et qui finit par céder aux offres de se faire entretenir par un homme, car c’est la seule option possible “ouvrir nos cuisses et devenir de jolies petites poupées entretenues “. Pourquoi cet employeur ne s’est pas retrouvé devant la justice pour son crime sexuel ? Pourquoi cette désinvolture, se laisser aller ? Mais plus encore, pourquoi cette normalisation des agressions sexuelles ? Est-on censé considérer cela comme un fait normal et passer “à plus important”, qui est d’appeler ce M. dont le numéro figure sur le billet de 100$? Comment consentir à un acte sexuel tout de suite après ses attouchements ?

 Bien sûr je n’ai pas la science infuse et je peux être en train de déblatérer. C’est souvent ce qu’on dit des féministes. On déblatère à tort et à travers. 

 Lornia

Commentaires

  1. Très beau texte L’or noir 😍

    RépondreEffacer
  2. Je suis resté sans voix, devant ce texte et surtout devant cette vérité, mes félicitations pour ton travail et surtout continue 💙

    RépondreEffacer
  3. Tres belle réflexion!👍

    RépondreEffacer
  4. Très belle réflexion Lornia.

    Je suis tout à fait d'accord avec votre approche.

    Néanmoins, dans un souci d'équilibre, je vous invite
    - si vous ne l'avez pas déjà fait - d'aller regarder le film titré: "Proposition indécente" et vous m'en direz des nouvelles.

    Je me ferai un plaisir de vous relire dans un prochain texte.

    Merci pour cette première réflexion.

    RépondreEffacer

Publier un commentaire

Messages les plus consultés